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Par La lettre de Laurent Joffrin
26 mars · 2 mn à lire
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La cigale de Bercy

LA CIGALE DE BERCY <br><br>Bruno Le Maire découvre que la baisse des impôts alliée à l’augmentation des dépenses produit du déficit. Du coup, il sonne une alarme déclenchée par ses propres inconséquences.

On apprend à tout âge et à tout niveau de diplôme. Quoique bardé de parchemins et d’un âge respectable, Bruno Le Maire vient de comprendre enfin une des lois les plus ardues, les plus complexes, les plus subtiles de l’économie politique : quand on réduit les recettes et qu’on augmente les dépenses, le déficit se creuse. Fort de cette sensationnelle découverte, qui lui apparaît après sept ans passés aux Finances, le ministre de l’Économie annonce donc au bon peuple que le temps des cerises est fini. Vient le temps des noyaux.

De toutes parts en macronie la nouvelle est répercutée à son de trompe : fini de rire, l’heure est aux économies. La cigale de Bercy s’est changée en fourmi et se parle désormais à elle-même : que faisiez-vous aux temps chauds ? demande Bruno à Le Maire. Vous chantiez ? Eh bien dansez maintenant ! Au vrai, ce n’est pas le ministre qui va danser, ce sont les Français.

Pas n’importe lesquels, bien sûr. Pour ne pas désespérer Neuilly, le gouvernement a supprimé moults impositions, sur les grandes fortunes, sur les revenus du capital, sur les entreprises. Et pour plaire à l’électeur, il a aussi annulé la redevance télé ou la taxe d’habitation. Il cherche maintenant à retrouver de l’argent. Chez les contribuables à poches profondes ? Non : ce serait trop cruel. On taillera donc dans les indemnités de chômage, dans les dépenses de santé ou dans d’autres prestations sociales, là où l’on sait que se dispense en vain « un pognon de dingue ».

Vous vous moquez à bon compte, dira-t-on. La France ne peut éternellement vivre à crédit et les dépenses que vous stigmatisez répondaient aussi à des demandes sociales. Quant à « faire payer les riches », vous savez fort bien que cela ne suffira pas à boucher ces trous qui ne cessent de grandir. Certes. Tout responsable politique, de droite ou de gauche, sait qu’il devra, s’il arrive aux affaires, gérer une situation financière difficile. Il faut être un élu LFI pour ne pas le reconnaître.

N’empêche : la gestion des finances publiques par les ultra-compétents du macronisme dégage, quoi qu’on dise, un fort parfum d’amateurisme. Elle devait aboutir à un redressement budgétaire : nous nous enfonçons dans la dette et le déficit, nous sommes lanternes rouges en Europe et les agences de notation ont pris la France dans le collimateur. Question naïve : s’il faut maintenant demander aux citoyens de nouveaux efforts, est-ce une si bonne idée d’en dispenser à l’avance les plus favorisés ?

Laurent Joffrin
@JoffrinLaurent

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