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C’est la nouvelle rengaine, l’air à la mode, le tube de l’hiver : vive l’union des droites ! Ainsi, après cinquante ans de malentendu, droite et extrême-droite s’apprêteraient à convoler. Saisis par la modernité conjugale, LR, RN et Reconquête sont prêts à former un trouple politique. Embrassons-nous Folleville ! Knafo et Retailleau, Le Pen et Wauquiez, Zemmour et Retailleau : marions-les ! Une noce arrangée par Bolloré, un rêve de Pascal Praud.

Sur le papier, la logique semble imparable. Lepéniste et zemmouriens représentant dans les sondages quelque 40% des suffrages, il ne manque que les 10% de la droite ex-républicaine pour faire le compte. Forts de ces calculs élémentaires, leurs stratèges, Wauquiez, le Machiavel du Puy-en-Velay ou Sarkozy, le prophète de la Santé, plaident de plus en plus fort en ce sens. La tentation est grande, d’autant qu’une bonne partie de l’électorat est prête à jeter des pétales de rose sur les mariés. En avant, donc, pour une majorité populisto-convervatrice.

Avec un soupçon de réserve toutefois : dans cet attelage, il y a un cheval et un âne. Avec un tel rapport de forces, 40 contre 10, c’est bien sûr l’extrême-droite qui guidera le chariot. Pour quel projet ? Il est connu d’avance : une version franchouillarde du trumpisme. Les immigrés comme bouc émissaire, l’état de droit comme victime, l’Union européenne minée de l’intérieur, l’Ukraine abandonnée, et quelques autres joyeusetés issues des arrière-cuisines du nationalisme à la française. L’exacte feuille de route inscrite noir sur blanc dans le document stratégique que viennent de publier les autorités américaines : une France rabougrie dans une Europe éparpillée façon puzzle.

La droite y voit un passeport pour les lambris de la République, le RN et Reconquête le marchepied de leur ambition. Mais le sort des chefs de LR est inscrit dans cette combinaison minable : devenir les supplétifs de l’intolérance xénophobe, sans levier ni identité, ramenés au rôle de figurants de la régression nationale. Un destin à la Ciotti : ça fait rêver.

Pour les héritiers de la droite libérale, censée croire à la société ouverte, ou pour les descendants du gaullisme que prétendent être les élus LR, c’est le contraire d’une promotion : un reniement. Les conservateurs croiront conserver. Ils braderont les valeurs de liberté et de fierté nationale qu’ils ont longtemps voulu incarner. Bien sur l’odeur de la soupe risque d’être la plus forte. Mais alors leur devenir est inéluctable. Ils croiront avoir trouvé un nouveau cap ; d’un point de vue moral ou politique, ils iront droit au naufrage.

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