Ciotti, le mini-Trump chauve

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La scène serait banale aux États-Unis, elle est hallucinante en France. Éric Ciotti, qui a passé alliance avec le Rassemblement national à la faveur des dernières législatives, proteste sur France 5 contre le refus opposé par l’entreprise Mediatransports aux demandes d’affichage présentées par l’éditeur Fayard pour promouvoir le livre de Jordan Bardella Ce que je cherche. « Censure ! » s’écrie-t-il face à Patrick Cohen, éditorialiste sur C à vous, c’est « l’extrême-gauche » qui a fait interdire la campagne.

Cohen objecte que les conditions commerciales définies il y a longtemps par Médiatransports interdisent les campagnes politiques, ce qui explique que Bardella ait été éconduit. Sans rien écouter, Ciotti poursuit sa diatribe. Cohen s’énerve, tempête, répète son argument, purement factuel, et finit par lâcher : « Mais parlez-vous français ? ». Contraint de répondre, Ciotti mange le morceau : « C’est votre opinion, ce n’est pas la mienne ! ».

Édifiante réplique… Par un tour de passe-passe qu’on croyait jusque-là prohibé dans le débat public, Ciotti confond, au vu et au su de tous, un fait et une opinion. Autrement dit, il n’y a plus une réalité, il y en a deux, selon celui qui parle. Ou, plus exactement, il y a une réalité, celle que chacun peut vérifier, et une « vérité alternative », qui repose sur le seul mensonge militant, qu’on répète comme un perroquet jusqu’à ce qu’il s’installe dans le débat public.

Ciotti avait déjà manifesté son soutien à Donald Trump, confessant qu’il voterait pour lui s’il était américain. « Donald Trump, a-t-il dit sur Sud-Radio, sera plus à même de régler le conflit au Moyen-Orient et en Ukraine. Les démocrates ont été incapables de le faire. Ils ont laissé prospérer le chaos pour leur intérêt ». Toutes choses qui ne reposent sur rien de concret, sinon sur la conviction du locuteur. Même tactique à C à vous : les conditions commerciales qu’on lui oppose n’existent pas, seul compte la contre-vérité inlassablement réitérée : Bardella a été scandaleusement censuré. Sans doute pense-t-il aussi que les immigrés haïtiens de Springfield (Ohio) mangent des chats et des chiens…

Le signal est clair : souvent les phénomènes nés aux États-Unis traversent l’Atlantique pour se diffuser en France. La contamination est en marche. Elle passe par ce Trump miniature, la mèche blonde en moins, qui prétend régénérer la droite française.

Laurent JOFFRIN • @JoffrinLaurent
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