C’est un aspect de la politique Trump qui n’a pas encore été beaucoup souligné : depuis la prise de fonction du nouveau président, tout se passe comme si les États-Unis avaient purement et simplement inversé leur politique étrangère. Désormais, leurs amis sont leurs ennemis, et vice-versa.
Faisons le compte : à peine entré à la Maison-Blanche, Donald Trump s’en est pris successivement au Danemark en réclamant la souveraineté sur la Groenland, à la république du Panama à propos du canal, au Canada qu’il veut annexer et à qui il a menacé d’infliger des droits de douane exorbitants, au Mexique, qu’il menace du même traitement, à l’Union européenne à qui il reproche de ne pas acheter assez de produits américains et de ne pas contribuer assez à sa propre défense. Remarque : toutes ces nations ou groupes de nations sont par ailleurs des démocraties alliées des États-Unis, avec qui elles entretiennent des relations pacifiques et plutôt amicales. Parallèlement, qu’a fait Trump contre les ennemis déclarés des États-Unis, L’Iran, la Chine, la Russie et quelques autres ? Rien.
On dira que le président a obtenu certaines concessions ou certains avantages en usant de sa manière brutale, agressive, mais efficace. C’est un fait que le Mexique, menacé d’une guerre douanière, a déployé des troupes à sa frontière pour limiter l’immigration et le trafic de drogue, et que le Canada de Justin Trudeau lui a emboîté le pas. Comme le dit Audiard : « quand les types de 120 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent ».
Mais cette diplomatie du coup de force et de l’insulte a aussi ses inconvénients. L’annonce de l’instauration de tarifs extérieurs prohibitifs a provoqué un début de krach à Wall Street qui a obligé le président américain à faire machine arrière en catastrophe. Tous les économistes estiment que de telles mesures se retourneront contre les consommateurs américains en renchérissant brutalement le coût des produits importés. Elles provoqueront des mesures de rétorsion – comme celles que la province de l’Ontario, au Canada, a déjà prises contre les entreprises américaines – qui handicaperont d’autant les exportateurs des États-Unis.
Ces tensions sont d’autant plus absurdes qu’une négociation normale – musclée mais entre alliés – aurait sans doute atteint les mêmes buts. Le Mexique et le Canada discutent depuis longtemps de la garde de leurs frontières avec Washington, le Danemark ne s’oppose en rien à établir des liens avec les États-Unis pour leur donner accès aux ressources minières du pays, selon les règles habituelles du commerce international. Quant à l’Europe, elle comprend – beaucoup trop lentement – qu’elle doit compter de plus en plus sur elle-même pour assurer sa sécurité à l’est.
Les gesticulations et les rodomontades trumpiennes, sur tous ces sujets, n’ont d’autre effet que de flatter la xénophobie de son électorat et d’instaurer avec les alliés historiques des États-Unis un climat de méfiance permanente et de d’amertume qui ne bénéficiera en rien à l’influence américaine dans le monde. De même que la diminution de l’aide américaine au développement fera économiser quelques picaillons aux États-Unis mais réduira comme peau de chagrin ce « soft-power » que les administrations successives avaient bâti dans l’intérêt de leur pays.
En un mot, cette politique étrangère totalement foutraque nous fait entrer dans une ère imprévisible et baroque qui déstabilise un peu plus la planète et sème le doute et l’inquiétude parmi les démocraties qui devraient au contraire se rapprocher pour relever les défis lancés par les nouveaux empires agressifs que sont la Chine, la Russie ou l’Iran. Il faut s’y habituer : Ubu règne à Washington. Les démocraties européennes, la France au premier chef, doivent s’y adapter à grande vitesse.
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