Fin de vie : les conditions de la liberté
Aider à « mourir dans la dignité » ? Oui, à coup sûr. Mais la banalisation de l’euthanasie présente aussi des risques.
Aura-t-on bientôt le droit, en France, selon l’expression consacrée, de « mourir dans la dignité » ? C’est-à-dire, pour les patients atteints d’un mal incurable, le droit de se faire aider pour abréger leur agonie quand elle leur promet une souffrance qu’ils jugent insupportable ? C’est l’enjeu, simplement résumé, de la loi sur la fin de vie que le gouvernement s’apprête à faire voter en décembre prochain. Ce projet annonce une liberté nouvelle. Mais la question, qui touche au plus intime des êtres, mérite un examen qui mêle raison et humanité.
Jusqu’à maintenant, selon le régime instauré par la loi Claeys-Léonetti de 2016, les médecins avaient le droit, selon une procédure très encadrée, de pratiquer une « sédation profonde » quand la prolongation de la vie d’un malade relevait manifestement d’un acharnement déraisonnable. On se souvient du cas très médiatisé de Vincent Lambert, ce jeune homme ayant perdu toute conscience à la suite d’un accident de la route et condamné à une survie indéfinie dans l’inconscience, sans aucun espoir de guérison. Avec l’accord de son épouse – et contre l’avis de ses parents mus par une foi religieuse très affirmée – les médecins avaient pu interrompre légalement cette vie réduite à pratiquement rien.
...