Il est toujours distrayant d’écrire sur la France insoumise. Celle-ci possède en effet une légion d’internautes amis qui ne manquent pas de réagir aux critiques diverses et variées qu’on peut lui adresser. Il serait injuste de ne pas rendre hommage à l’énergie déployée par ces zélateurs fidèles, qui mettent tout leur cœur à utiliser les ressources de la langue française pour voler au secours de leurs leaders. C’est ainsi qu’on peut bâtir une rapide typologie de la langue insoumise, qui couvre plusieurs genres littéraires et passent d’une figure rhétorique à l’autre avec une aisance déconcertante.
On trouve d’abord l’escouade des adeptes de la concision si chère aux auteurs classiques, de Corneille à Chateaubriand, et qui s’attachent à multiplier les qualificatifs lapidaires et expressifs signés de leur pseudonyme sur Internet. Ainsi Madomoisan, qui répond aux arguments par cette simple apostrophe : « Connard ». Ou Renokhan, lui aussi partisan d’une brièveté digne de César : « vendu ». D’autres préfèrent la locution implacable dont Bossuet jouait avec brio, tel Alerte rouge : « pourriture, lèche-bottes du pouvoir », ou Philippe : « minable plumitif », ou bien La sorcière du 10 : « espèce de journalope ».
Une troisième catégorie d’Insoumis use d’allitérations savantes, que Racine n’aurait pas reniées, comme Fin de siècle : « Joffrino, étrono, crétino », ou d’aphorismes sonores, ainsi Marylou bonnord : « ferme ta sale gueule de islamophobe haineux » et De xhenseval : « pauvre type, la tronche de la gauche caviard ». Une autre école pratique volontiers l’anaphore dépréciative, qui est un autre outil de l’éloquence. Nicki Larss « Petit traître », RobertS : « petit chien de garde », avec cette variante de Florence L : « C’est un tout petit monsieur, ce Laurent Joffrin ».
Dans certains cas, les références historiques savantes viennent naturellement au secours d’une péroraison talentueuse. Citoyen lambda : « Rappelle-nous ton vrai nom, le nazillon », Argo : « Laurent Joffrin et la collaboration », Kinosean : « Je savoure le seum de cette vieille France rance de n’entre-soi ». Dans d’autres occurrences, on note l’apparition de termes étrangers, oeuvre d’un intervenant polyglotte et cultivé. Salahdin : « La gauche colonialiste doit être éradiquée (…) Wait and see, gros tas de m… », ou bien de vocables argotiques qui donnent au discours une robuste touche populaire. Karin Redinger : « Tellement idiot, laisse Melenchon, occupez-toi de tes gogoles de socio-dém ».
On découvre enfin de vrais poètes, dont les métaphores sophistiquées expriment une imagination fiévreuse. Valentin Jean : « Entasse, amoncelle, accumule les montagnes de merde jusqu’au ciel », ou qui n’hésitent pas à poster des textes plus travaillés, qui ont la richesse d’un sonnet, telle Ninon : « Quand on pense que tu es au fond de la dégueulasserie tu creuses encore pour en avoir d’avantage, tu es aussi pourri que tout le GVT de Macron, c’est pas peu dire, un journalope parmi tant d’autres en ce moment. »
Encore sont-ce là des exemples sélectionnés parmi des centaines de messages de la même eau, qui s’alignent en rangs serrés dès que le « journalope » en question a le front de formuler quelques reproches au Roi-Soleil Mélenchon ou à quelque seigneur de sa suite. Une telle profusion dans la créativité ne peut qu’encourager le plumitif visé à poursuivre sa tâche, source de tant de nouveauté langagière. On dira après que le débat public, réduit à des invectives et à des posts indigents, s’anémie et s’appauvrit sans cesse. Avec constance et activité, LFI montre décidément que c’est une idée fausse, répandue par des « minables plumitifs ».
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