CE QUE L’OPPOSITION DOIT FAIRE<br><br>Quoi qu’elle pense d’Emmanuel Macron et de sa politique, l’opposition républicaine serait bien médiocre et décalée si elle refusait de seconder l’urgent réarmement de l’Europe face à la menace Poutine-Trump.
Il n’y avait rien qu’on ne sache déjà dans l’allocution du président de la République hier soir. Mais au moins l’a-t-il bien dite, grave sans être paniquard, évitant les longueurs et les trémolos dans lesquels il s’égare habituellement. Comment réagir ? Certainement pas comme les deux forces démagogiques du paysage français, le RN et LFI. Les lepénistes nous servent des arguties minables sur le financement de l’effort demandé, par définition difficile, merci du renseignement.
Jean-Luc Mélenchon déclare que la « priorité absolue » doit être la défense « la sécurité de nos propres frontières » – il nous avait pourtant semblé que la frontière attaquée se situait plutôt en Ukraine, qu’il ne veut donc pas défendre, tandis que Manuel Bompard sortait une lamentable théorie du complot, selon laquelle Emmanuel Macron a cherché à « faire peur pour imposer au peuple une nouvelle salve de sacrifices sociaux ». Il n’y aurait donc aucune raison de s’inquiéter de l’agression russe, mais bien plus des projets du gouvernement. Mensonger, grotesque et nul.
Non qu’il n’y ait rien à redire ou à discuter. L’extension de la garantie nucléaire hors de France pose des problèmes ardus ; le financement du réarmement sans aucune imposition nouvelle laisse sceptique ; la coordination des efforts militaires à l’échelle européenne ne va pas de soi ; le calendrier de toute l’affaire se heurte à l’urgence d’aider l’armée ukrainienne à résister en dépit de la trahison trumpienne. Mais ce sont là modalités à débattre, légitimement.
Pour le reste, le principe n’est pas douteux : oui, la Russie est bien l’ennemi principal ; oui, la politique américaine est honteuse et dangereuse pour notre sécurité, notamment cette guerre commerciale qu’ils lancent contre ceux qui ne demandent qu’à rester des amis ; oui, les Européens, comme ils commencent à le faire, doivent prendre en mains leur propre défense, en délégant en première ligne des pays disposés à s’engager, la France, la Grande-Bretagne et la Pologne, avec l’Allemagne en soutien, qui a jeté par-dessus les moulins ses dogmes budgétaires pour se hisser à la hauteur de la situation ; oui cette politique de défense et de redressement industriel demandera des efforts et des sacrifices, qu’il serait criminel de refuser s’ils sont justement répartis.
Telle doit être la ligne de conduite d’une opposition responsable, notamment celle de la gauche de gouvernement qui doit, elle aussi, prendre en charge l’intérêt national. Or cet intérêt n’est pas douteux : soutenir l’Ukraine, qui défend les postes avancés de la démocratie, soutenir les efforts d’une Europe qui ne veut pas quitter la scène de l’histoire et veut faire entendre la voix des défenseurs de la liberté, de l’état de droit et de la résistance à la tyrannie.
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