DÉFENSE : LA DOULOUREUSE<br><br>L’effort prévu en faveur des dépenses militaires du continent oblige gouvernement et opposition à réviser en profondeur priorités et programmes. Ce qui se fera dans la douleur.
Qui va payer ? C’est la désormais triviale et lancinante question qui se pose à une France décidée à accroître rapidement ses capacités militaires, à l’instar du reste de l’Europe. Le RN et LFI mis à part, qui veulent une nation seule et calfeutrée – assortie d’une fermeture des frontières à l’immigration pour les lepénistes et d’un retrait de l’OTAN et, de facto, de l’Union européenne pour les mélenchonistes – les autres forces politiques ont approuvé l’objectif : mettre le vieux continent en mesure de se défendre seul, sans dépendre d’un parapluie américain que Trump a troué comme une passoire.
Désagréable conséquence ; il faudra y consacrer d’un à trois points de PIB supplémentaires par an dans la période qui vient, alors même que le pays, quoique riche, est endetté jusqu’au cou. Certes on peut lorgner sur un vaste emprunt européen qui mobiliserait l’épargne au sein de l’Union, dans la mesure où l’Allemagne, notamment, s’est affranchie des tabous budgétaires qui excluaient jusqu’à présent ce genre d’initiative. Mais outre qu’il faudra rembourser un jour, l’opération est incertaine et son calendrier élastique. Autrement dit, on n’évitera pas, pour tenir les engagements français, de mettre la main à la poche.
Dès lors, la bataille du financement risque d’occuper sous peu le débat public, avec les pleurs et les grincements de dent qui l’accompagneront. Emmanuel Macron a indiqué mercredi soir à la télévision qu’il n’était pas question d’augmenter les impôts, de manière à rassurer les chaumières et les châteaux. Sans qu’il soit entré dans le détail, il est donc clair que les fonds devront provenir d’économies réalisée sur les autres postes du budget national. Lesquels ? Mystère et boule de gomme à ce stade. Ce qui est clair, en tout cas, c’est que le gouvernement et l’opposition devront réviser leurs projets pour tenir compte de cette impérieuse et nouvelle nécessité.
Un simple coup d’œil au dossier révèle que les sacrifices seront nécessairement douloureux et rendent obsolètes diverses « lignes rouges » tracées par les différents partis. C’est l’évidence, en premier lieu, pour cette promesse de ne pas toucher aux impôts. Tout financer par une baisse de la dépense publique hors défense revient à sabrer dans le social ou dans les services publics, c’est-à-dire à faire peser les efforts sur les classes moyennes et populaires. Comment l’opinion pourrait-elle l’admettre, sans qu’on mette aussi à contribution les plus fortunés des Français ? Après tout, le système de sécurité nationale bénéficie aux riches comme aux autres. Quoi qu’en pense la droite, pourquoi seraient-ils dispensés de l’effort commun ?
La contrainte nouvelle s’applique aussi à la gauche. Comment imaginer qu’elle puisse encore se référer au programme moribond du Nouveau Front Populaire, qui prévoit une augmentation substantielle des dépenses publiques et laisse soigneusement de côté la contrainte de la dette alors que de nouveaux besoin se font jour ? Tout cela doit être revu et corrigé : c’est un programme nouveau que la gauche doit élaborer si elle veut garder une chance d’être crédible. Rien de folichon dans cette perspective, mais il n’y en a pas d’autre. Aussi bien, on ne voit pas comment la négociation qui s’ouvre sur les retraites pourrait ignorer ces obligations inédites. Toute solution qui augmenterait le déficit, en tout cas, paraît d’emblée exclue. Par la volonté de Poutine et de Trump, les « dividendes de la paix » se sont dissous dans les fumées de la guerre ukrainienne. Tout responsable public doit en tirer les conséquences.
La menace russe doublée du lâchage américain a fait réapparaître la fibre européenne qui réunit les partis de gouvernement, du PS à LR, et exclut les extrêmes. Mais les efforts à fournir pour la défense risquent de diviser à nouveau l’arc républicain. Lire l’article
Une course de vitesse s’engage entre les Européens et la Russie. Comment les alliés de l’Ukraine peuvent-ils pallier la défection américaine ? Revue de détail. Lire l’article
Mayer-Rossignol, Bouamrane, Brun, Guedj, Geoffroy ou …Vallaud, nombreux sont ceux qui guignent le poste d’Olivier Faure, une nouvelle fois candidat. Tous contre lui mais pas forcément ensemble : pour le détrôner, ils devront se rassembler. Lire l’article
La question peut paraitre prématurée, voire incongrue, mais on ne met pas en pièce les échanges mondiaux impunément. On ne livre pas davantage un peuple agressé à son bourreau sans rendre des comptes. La bande mafieuse qui s’est emparée du pouvoir à Washington a déjà provoqué le chaos. Elle doit tomber et être poursuivie. Lire l’article
Les Français devront consentir de nouveaux efforts, même si un grand emprunt européen va venir à la rescousse. Lire l’article
La rencontre houleuse de la Maison Blanche entre Trump, Vance et Zelensky a une nouvelle fois montré le ressentiment tout personnel de Trump envers l’Ukraine et son président. Lire l’article
Les menaces de l’ex-allié américain rebattent les cartes chez les Européens qui organisent leur réplique sur le terrain des échanges industriels. Lire l’article
LeJournal.info a 1 an et il a déjà beaucoup grandi, mais nous avons besoin de vous !
Pour nous soutenir, deux formules d’abonnement : annuelle (80€/an) ou mensuelle (4€/mois).