Longtemps, les marxistes un peu primaires estimaient que les gouvernements des nations capitalistes – seraient-elles démocratiques – étaient placées sous l’influence étroite des riches, des rentiers et des « hommes à millions ». La classe dirigeante disaient-ils, délègue au pouvoir des commis de ses intérêts qui disposent d’une autonomie de façade conférée par les élections libres, mais agissent en fait pour le compte des propriétaires.
Mais des décisions prises par les politiques, qui allaient à l’encontre de ces intérêts, notamment l’accession au pouvoir de dirigeants socialistes, avaient corrigé le tableau : appuyée sur les électeurs, la « superstructure politique » (selon le jargon marxiste) pouvait conquérir d’une certaine indépendance vis-à-vis des forces de l’argent et agir dans le sens des plus défavorisés. Ainsi sont advenues les grandes réformes qui structurent aujourd’hui l’État social dans les démocraties.
Avec Donald Trump, ces nuances sont mortes. Les milliardaires ne se contentent plus de leur influence, plus ou moins pernicieuse : ils gouvernent eux-mêmes ; c’est plus simple, en effet. La première décision du président Trump en est le symbole : il vient de lancer une cryptomonnaie à son effigie, dont le cours s’est immédiatement envolé, lui procurant, par ce biais inattendu, une colossale fortune supplémentaire. Très officiellement, il s’enrichit par sa fonction même, escroc légal et fier de l’être.
Il en va de même du rôle direct qu’Elon Musk s’apprête à jouer dans la politique de l’État américain en réduisant de manière draconienne la taille de l’État fédéral. La manœuvre répond à l’idéologie, certes, mais aussi, en réduisant l’impôt des riches, au lucre le plus trivial. Sentant le vent, une pléiade d’autres prédateurs financiers ou industriels – Bezos, Zuckerberg et bien d’autres – ont rejoint ce banquet spéculatif, cette bacchanale du pognon, en espérant que leur veulerie se changera en dividendes . « Make America great again », mais surtout Wall Street et nos profits! Sous la férule de ces nouveaux « barons-voleurs », la démocratie américaine se dégrade en ploutocratie.
Dans L’Expiation, poème-pamphlet dirigé contre Napoléon III, « le Petit », Victor Hugo avait lancé des imprécations prophétiques. S’adressant à Napoléon le Grand, comme on pourrait s’adresser aujourd’hui à George Washington, père de la démocratie américaine, il résumait, hier comme aujourd’hui, la hargne vulgaire et l’appétit féroce de ces parvenus cyniques portés au pinacle, en Amérique et en Europe, par une bande de fachos enamourés :
Regarde. Des brigands, dont l’essaim tourbillonne / D’affreux bohémiens, des vainqueurs de charnier / Te tiennent dans leurs mains et t’ont fait prisonnier (…) Ayant dévalisé la France au coin d’un bois / Ils ont à leurs haillons du sang, comme tu vois, (…) Faussaires, meurtriers, escrocs, forbans, voleurs / Ils savent qu’ils auront, comme toi, des malheurs / Leur soif en attendant vide la coupe pleine (…) Devant cette baraque, abject et vil bazar
Où Mandrin mal lavé se déguise en César.
Rien à changer, au fond…
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