NARCOTRAFIC : LA GAUCHE DOIT CHANGER DE LOGICIEL - Face à la montée des réseaux criminels, qui défient désormais ouvertement la République, la gauche ne peut plus se contenter d’un discours traditionnel et lénifiant.
Il a donc fallu l’assassinat de Mehdi, le frère du militant anti-narcos Amine Kessaci, pour que la société française prenne conscience de la menace que le trafic de stupéfiants fait planer sur le pays. À cet égard, les « marches blanches » de ce dimanche sont précieuses.
Le fléau s’apparente à un incendie, ou à une gangrène : s’il n’est pas jugulé au début, il devient incontrôlable. Les réseaux drainent des sommes considérables, qui leur permettent de financer une violence sans limite et une corruption assortie de chantage, qui touche de proche en proche l’État lui-même, à travers ses agents, douaniers, policiers, greffiers et bientôt magistrats et responsables politiques. Une fois établie, cette domination devient quasi impossible à contenir.
Face au danger, la gauche – ou une partie d’entre elle – doit changer de conception. Elle doit d’abord reconnaître que l’usage d’une répression accrue contre les assassins et les tortionnaires est inévitable, comme le montre l’exemple italien. L’État français a donc raison de se doter de nouveaux outils : un parquet spécialisé qui rationalise les enquêtes, des moyens policiers accrus, une loi sur les « repentis » et des établissements pénitentiaires spécialisés qui empêchent les narcos de continuer à diriger leurs équipes de tueurs de leur prison.
Mais bien entendu ce volet policier est insuffisant. La « guerre contre la drogue » mise en œuvre aux États-Unis ou dans certains États d’Amérique latine par des moyens purement répressifs a manqué son but. Au vrai, la prévention est tout aussi cruciale, qui passe par le changement des usages. Encore faut-il en avoir une conception adéquate, au moins deux points. Le refus de « stigmatiser les consommateurs », en premier lieu, n’est plus de saison. Comme en matière écologique, l’achat des produits doit être mis en cause. Là aussi, il faut souligner que la responsabilité de ceux qui achètent le cannabis ou la cocaïne est engagée : c’est leur argent qui assure la dangereuse prospérité des parrains du trafic.
L’éternel débat sur la légalisation du cannabis, en second lieu, n’a plus lieu d’être. Non en raison de scrupules moralisants, mais parce que cette solution ne fonctionne pas. Les pays qui ont libéralisé l’usage du cannabis n’ont pas enrayé la montée des réseaux. Aux Pays-Bas ou en Belgique, les trafiquants sont plus forts que jamais. Ils ont perdu quelques parts de marché mais reporté leur activité sur la cocaïne. Dans le Colorado, qui a libéralisé la consommation, le trafic est toujours là, reconverti dans la coke ou le fentanyl, et l’usage plus fréquent du cannabis accroît la prévalence des troubles mentaux, des suicides et des accidents de la route. Le Canada, qui a lui aussi assoupli sa législation, a été pris sous un tsunami de fentanyl, avec son cortège de surdoses mortelles, organisé par les trafiquants sur une route nouvelle qui va de la Chine à l’Amérique du Nord en passant par le Mexique. Autrement dit, si elle n’a rien de scandaleux, la légalisation n’en est pas moins une impasse dans la lutte contre les réseaux. C’est la mobilisation de la société, couplée à la politique de l’État, qui fera reculer le trafic, au terme d’une action longue, patiente et continue conjuguant répression et prévention. Tout le reste n’est que posture politique.
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