RETRAITES : LE PS GARDE LA MAIN - Avec l’abstention de Renaissance et le vote favorable du Rassemblement National, la suspension de la réforme des retraites est quasi-acquise aux socialistes. Pourront-ils transformer l’essai ?
Bien sûr, la droite va pousser des cris d’orfraie. Bien sûr, elle va s’indigner, craignant que la suspension de la réforme des retraites achève de ruiner le pays, déjà endetté au-delà du raisonnable. Bien sûr, le patron du Medef, Patrick Martin, la qualifie d’hérésie. En permettant à 3,5 millions de français de partir à la retraite plus tôt, accuse-t-il, la gauche française se montre irresponsable et va à rebours du reste de l’Europe.
Non content de consentir à cette folie, Sébastien Lecornu pousse pourtant plus loin le bouchon, ajoutant au compromis les carrières longues. Il alourdit l’addition mais il satisfait les socialistes qui ont durci leurs revendications au-delà de celles des syndicats. Sébastien Lecornu a compris qu’il n’avait pas d’autre choix. S’il veut passer l’étape cruciale du vote du PLFSS mercredi 12 novembre, il doit en passer par là pour reprendre la discussion sur le budget jusqu’à la date butoir du 23 novembre.
Si tous les amendements n’ont pu être examinés d’ici là, le texte partira automatiquement vers le Sénat où les sénateurs conservateurs détricoteront les avancées obtenues par les socialistes. Mais avec – encore – une concession de taille accordée par Sébastien Lecornu : pour la première fois, les amendements votés par l’Assemblée nationale seront conservés dans la copie envoyée au Sénat.
Pierre Moscovici alerte : « notre système de retraites a un problème de financement structurel. Il est déjà à 6,6 milliards de déficit ». En creux, le président de la Cour des Comptes reconnaît que, même sans la suspension, il aurait fallu remettre l’ouvrage sur le métier. En 2027, « il faudra absolument équilibrer notre système de retraites. Sinon, le système de retraites par répartition auquel tiennent les Français ne sera plus viable ». Un enjeu qui sera au cœur de l’élection présidentielle : à chaque candidat de faire ses propositions, les Français trancheront.
D’ici là, le Parti Socialiste sous la houlette d’un Olivier Faure nouveau, se comportera comme un parti de gauche responsable qui pousse son avantage. En rupture avec La France Insoumise sur la plupart des sujets, il prend les victoires et tourne le dos à la politique du pire. Pourra-t-il tenir sur cette position ? L’issue de sa stratégie dépendra de l’attitude des écologistes et du Parti communiste : voteront-ils contre le budget avec les Insoumis ? Ou au contraire s’abstiendront-ils pour qu’il soit adopté ? A quelques semaines des élections municipales où les Verts auront besoin de renfort dans la plupart des villes, la question est cruciale.
C’est là qu’intervient la dynamique impulsée par les sociaux-démocrates, qui veulent imposer leur ligne à leurs partenaires. Ainsi, la Convention de Bernard Cazeneuve convoque-t-elle un rassemblement dès ce dimanche 16 novembre à Cergy-Pontoise, où se rendront, outre Carole Delga, François Hollande et Raphaël Glucksmann qui débattront lors de la même table ronde sur le « multilatéralisme au service de la démocratie ».
Dès le samedi suivant 22 novembre à Lyon, les Rencontres d’Automne de « Debout les Socialistes », courant d’opposition au premier secrétaire, réuniront la gauche sociale-démocrate. Outre les Cazeneuve, Delga, Hollande ou Glucksmann de la semaine précédente, sera présent Olivier Faure, dans une vaste rencontre qui ressemble à s’y méprendre à une réconciliation de tous les courants visant à constituer la fameuse Fédération sociale-démocrate que beaucoup de socialistes appellent de leurs vœux. Le message à l’adresse de Jean-Luc Mélenchon et des Verts est limpide : l’union de ces personnalités est une force qui a vocation à marginaliser de facto LFI et ses alliés potentiels.
Ce rassemblement a-t-il une chance de décrocher les Verts des Insoumis ? Rien n’est gagné. À Paris, l’écologiste David Belliard appelle pour les élections municipales à une union de toute la gauche y compris LFI. Il veut devancer son camarade-concurrent socialiste Emmanuel Grégoire, qui promet au contraire d’agréger autour de lui la gauche sans LFI. La capitale sera le laboratoire des contradictions de la gauche aux municipales.
Il est trop tôt pour juger de l’efficacité de la stratégie socialiste. Mais à l’évidence, si la suspension de la réforme des retraites devait être votée dans l’Hémicycle, ce serait une belle victoire à mettre au profit de la gauche démocratique qui, sans promettre le grand soir, améliore peu à peu la vie des Français.
par Valérie Lecasble
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